Abattoir de Bazas : Entre allégations de maltraitance animale et procédures de contrôle

L’association L214 pointe du doigt l’abattoir de Bazas

L’association de défense des animaux L214 a récemment fait parler d’elle avec une nouvelle enquête menée par Tristan Garcia, dénonçant les « pratiques et installations » de l’abattoir de Bazas en Gironde. Selon l’association, celles-ci seraient en « violation grave de la réglementation », provoquant de la « souffrance extrême pour les animaux ». Les allégations concernent notamment l’usage d’aiguillons dans l’anus et les yeux des animaux, des étourdissements manqués, ainsi que des animaux suspendus et saignés encore conscients.

L214 exige la « fermeture d’urgence » de l’abattoir et souhaite instaurer un droit de visite pour les parlementaires. Pour soutenir leur demande, une pétition a été lancée et une plainte déposée auprès du procureur de la République de Bordeaux pour « cruauté et sévices graves » commis envers les animaux. En outre, L214 a déposé un recours en responsabilité contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle de l’application de la réglementation.

La réaction de la préfecture et les inspections passées

En réponse à ces accusations, la préfecture a réfuté la réalité que l’association L214 prétend dévoiler. Selon elle, la vidéo diffusée par L214, qui isolerait des séquences hors de leur contexte pour leur aspect choquant, ne reflèterait pas la réalité quotidienne de l’abattoir de Bazas, régulièrement contrôlé par les services de l’État.

En effet, l’abattoir a fait l’objet de contrôles réguliers, effectués par un technicien des services vétérinaires, présent sur le site, ainsi qu’un vétérinaire officiel, sous la supervision de la direction départementale de la protection des populations. Les dysfonctionnements relevés lors de ces inspections ont donné lieu à des mesures correctives.

En 2022, les inspections ont montré des difficultés de maintenance préventive, des insuffisances dans l’exploitation des résultats de l’audit des bonnes pratiques en matière d’hygiène alimentaire, une absence de plan de formation relatif à la protection animale, ainsi que quelques défauts dans la formalisation des procédures.

Mesures récemment prises et inspection à venir

Suite aux révélations de L214, la préfecture de Gironde a annoncé l’organisation d’une nouvelle inspection complète de l’abattoir de Bazas, qui sera réalisée sans délai. Cette inspection donnera lieu aux mesures correctives nécessaires.

Cette annonce fait suite à plusieurs actions entreprises en 2023 pour améliorer le fonctionnement de l’abattoir. Par exemple, suite à un avertissement concernant l’équipement inadéquat pour l’abattage des porcs de moins de 40kg, l’abattoir a décidé de ne plus abattre de porcelets d’un poids inférieur à 40kg.

De plus, une inspection coordonnée des trois chaînes de production de l’abattoir du 28 mars au 21 avril 2023 a conclu à la conformité de l’établissement. Le 9 juin 2023, une mise en demeure a été émise, ordonnant notamment de mettre en place un contrôle interne des 3 étapes de déchargement, mise en attente des animaux et amenée des animaux.

Une situation complexe à l’abattoir de Bazas

L’abattoir de Bazas se trouve actuellement dans une situation complexe. En plus des accusations portées par L214, l’abattoir a subi une baisse de tonnage de 15% en 2021 et cherche à retrouver son équilibre financier. L214 met particulièrement en avant le fait que l’abattoir traite majoritairement des animaux issus d’élevages locaux et en plein air, dont la viande est vendue directement par les producteurs, en boucherie et en supermarché, sous divers labels de qualité.

La nouvelle inspection complète ordonnée par le préfet devra faire toute la lumière sur cette situation. Il est essentiel d’assurer le respect du bien-être animal, le respect des normes de santé publique et de maintenir la confiance des consommateurs dans les produits issus de cet abattoir.