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Bordeaux contre le sans-abrisme : une alliance de villes en colère

Publié par Manon le 11 octobre 2023 à 10h14
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La Ville de Bordeaux, aux côtés de Strasbourg, Rennes, Lyon, Paris et Grenoble, a pris une décision audacieuse en réaction à l’inaction persistante de l’État face au sans-abrisme. Ces six villes, unies par un objectif commun, ont choisi de lancer un recours indemnitaire contre l’État pour obliger le gouvernement à répondre à cet enjeu national aux répercussions locales alarmantes.

Une initiative citoyenne pour l’avenir de tous

Ces maires et élus locaux partagent depuis longtemps la conviction que le système actuel d’hébergement d’urgence est dans une impasse qui menace la cohésion sociale de nos villes. Les sans-abri sont en constante augmentation, mettant à mal la solidarité et le bien-être de l’ensemble de la population.

Privés d’un toit, ces personnes se voient contraintes de s’approprier les espaces publics pour subvenir à leurs besoins fondamentaux. L’absence de logement prive également ces individus de leur intimité, une situation inhumaine qui touche autant ceux qui la subissent que ceux qui la côtoient.

Bordeaux en première ligne depuis 2020

À Bordeaux, la lutte contre le sans-abrisme est devenue une priorité depuis 2020, lorsque Pierre Hurmic et son équipe municipale ont pris les rênes de la ville. Face à cette crise, ils ont adopté un ensemble de mesures proactives, dépassant largement le rôle traditionnel d’une commune.

Parmi ces mesures, la création de la Nuit de la Solidarité, un événement annuel permettant de recenser les sans-abri, a joué un rôle central. L’ouverture d’une halte de jour sur la place Stalingrad a également été une étape importante pour aider les sans-abri à accéder aux droits fondamentaux, tels que l’alimentation et l’hygiène d’urgence.

La mise à l’abri de longue durée a été privilégiée, avec la fourniture de 35 logements de la ville, des nuitées hôtelières, ainsi que l’expérimentation de l’accueil de nuit au gymnase Gouffrand pour les personnes sans-abri, notamment celles avec des animaux.

Les sept cas exemplaires

Ce recours lancé par Bordeaux et les cinq autres villes est fondé sur sept cas emblématiques de personnes sans domicile fixe, tous confrontés à des situations de grande vulnérabilité. Ces cas, dont l’anonymat est préservé, illustrent le besoin pressant de solutions d’hébergement.

  • Monsieur A est un homme entre 40 et 50 ans, souffrant de troubles psychiatriques et sous curatelle. Sa fragilité le rend incompatible avec les centres d’accueil collectifs traditionnels, le forçant à quitter son hébergement. Après avoir sollicité le CCAS, il a été accueilli en raison de sa fragilité.
  • Madame B a fui un foyer violent et a sollicité l’aide du CCAS pour ne pas se retrouver à la rue. Incapable de trouver une solution immédiate, le CCAS a financé des nuitées d’hôtel pour lui donner du répit.
  • Monsieur C et Madame D sont un couple ayant déménagé pour se rapprocher de la famille de Madame. Après une courte période en centre d’urgence, ils ont dû quitter faute de prolongation, malgré leur engagement à sortir du sans-abrisme. Le CCAS a financé 7 nuits pour les accompagner vers un logement.
  • Monsieur E et Madame F vivent en situation de grande précarité, alternant entre la rue, les centres d’urgence, les squats, et des amis. Après avoir été accueillis au gymnase Gouffrand lors du confinement, ils ont été accompagnés par le CCAS. En l’absence de solutions adaptées, le CCAS a financé leur hébergement jusqu’à leur emménagement dans un logement.
  • Monsieur G est un homme de 40 ans sans soutien familial, souffrant d’addictions à l’alcool. Sa situation est complexe, alternant entre la rue, des tentes, des squats, et des amis. Il aurait besoin d’un hébergement à long terme pour un accompagnement personnalisé.
  • La famille H a connu des difficultés administratives qui ont entraîné la fin de leur hébergement malgré leur emploi. Le CCAS et la Fondation Abbé Pierre sont intervenus pour les aider.
  • Madame I est une femme âgée vivant seule, confrontée à des problèmes de santé et à une perte progressive d’autonomie. Incapable de prendre des décisions importantes seule, elle a été mise à l’abri pour garantir sa sécurité.

Un appel à l’État pour une solution nationale

Face à l’urgence croissante, le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, ainsi que les maires de Paris, Lyon, Strasbourg, Grenoble et Rennes, ne restent pas les bras croisés. Les villes de France appellent l’État à prendre des mesures concrètes et à respecter les principes fondamentaux de notre République, notamment le droit de chaque personne sans-abri à un logement.

La situation est alarmante, avec au moins 554 personnes sans domicile à Bordeaux, selon le dernier recensement de la Nuit de la Solidarité en janvier 2023. En réponse, les autorités locales ont augmenté le nombre de places d’hébergement en hôtels.

Crédit photo : Valentine Kulikov

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